La 1re division féminine a marqué une trêve internationale de 3 semaines pour laisser place notamment au Tournoi de France. Avant d’attaquer le dernier tiers de la compétition, l’équipe éditoriale d’Opta revient sur les tendances fortes dans l’élite en 2022/23.


Lyon et Paris encore au coude-à-coude

Sans grande surprise, le classement de D1 Arkema cette saison met à l’honneur les 2 mastodontes du championnat que sont l’Olympique Lyonnais (1er – 37 points) et le Paris Saint-Germain (2e – 36e points). Les Parisiennes avaient pris la tête du classement provisoire au terme de la phase aller avant de reculer au 2e rang au profit des Lyonnaises après un nul spectaculaire à Fleury fin janvier (4-4). Le PSG reste dans la course pour remporter un 2e sacre dans la compétition après avoir mis fin à la série de 14 titres de rang de l’OL en 2020/21, mais aura probablement besoin d’un 2e succès face à Lyon après celui acquis en décembre (0-1) pour faire la différence, ce qu’aucune équipe n’a réussi à faire sur un même exercice depuis le Paris FC (alors Juvisy en 2005/06).


L’OL en mode rouleau compresseur

Dans cette lutte au sommet, chaque équipe a emprunté une voie bien différente en termes de jeu. Les 2 équipes dominent chacune assez largement leurs concurrentes, mais elles n’exercent pas le même type de pression. Lyon joue vraiment le tout pour l’attaque en multipliant les tentatives quitte à accumuler un peu de déchet. L’OL peut ainsi se targuer d’avoir la meilleure attaque du championnat (38 réalisations), mais seuls les quatre derniers du classement affichent un différentiel buts-Expected Goals inférieur à celui des championnes en titre (+0.5).

En matière de pressing, les joueuses de Sonia Bompastor aiment obtenir le ballon le plus haut possible. Lyon totalise ainsi 272 récupérations hautes en D1 Arkema cette saison, c’est au moins 65 de plus que toute autre équipe. Une fois en possession du ballon, l’OL se projette vite vers le but comme en témoigne sa moyenne de 38 ballons touchés dans la surface adverse par match en 2022/23.

Lyon High Turnovers

Air Renard

Autre argument en faveur de la domination lyonnaise, c’est le jeu aérien. L’OL remporte près de 2 tiers de ses duels dans les airs (64%) et se crée énormément de situation de buts de la sorte, totalisant 77 tirs et 13 buts en D1 Arkema cette saison, meilleurs totaux dans les 5 grands championnats européens féminins (France, Angleterre, Espagne, Allemagne et Italie).

Dans ce domaine, l’emblématique capitaine lyonnaise Wendie Renard domine la concurrence avec 31 duels aériens remportés, 20 tirs de la tête et 3 buts marqués, à chaque fois un record du championnat. C’est d’ailleurs grâce au jeu de tête de l’internationale française que Lyon a pu s’extirper du piège tendu par Fleury en octobre dernier (1-0).

Wendie Renard Shots & Goals

Le PSG prend le temps de construire

De son côté, Paris affiche un jeu moins direct que son rival, n’hésitant à pas poser le ballon et enchaîner des longues séquences avant de tenter une frappe. Le PSG affiche ainsi 69% de possession moyenne en D1 Arkema cette saison, c’est bien plus que l’OL (63.5%). Cela se retranscrit dans le jeu de l’équipe avec 192 séquences de 10 passes ou plus, dont 33 s’achevant par un tir. Une séquence parisienne dure en moyenne 11.2 secondes contre 9.2 pour les Lyonnaises et moins de 8 secondes pour les 10 autres équipes du championnat.

Ainsi, les 5 joueuses ayant réussi le plus de passes dans la moitié adverse dans l’élite en 2022/23 évoluent toutes au PSG (Jean-François, Karchaoui, Ilestedt, Lawrence et Geyoro). Sakina Karchaoui, latérale gauche du club de la capitale, est par exemple bien plus active dans la moitié de terrain adverse que dans son propre camp, totalisant 61% de ses ballons touchés au-delà de la ligne médiane.

Sakina Karchaoui touch map

La réponse des « petits »

Face à la domination nette de Lyon et de Paris, les 10 autres équipes essayent de trouver une alternative pour exister dans la division. Ainsi Fleury, l’un des 2 clubs de l’élite ne disposant pas d’une section masculine évoluant chez les professionnels (avec Soyaux), a développé un jeu s’appuyant sur un pressing haut et un style direct. Les Franciliennes sont ainsi celles qui ont le plus marqué à la suite d’une récupération haute en D1 Arkema 2022/23 (4 buts) et celles qui effectuent en moyenne le moins de passes avant un but (1). Autre exemple avec le Stade de Reims qui excelle sur les contre-attaques. Les Rémoises ont marqué 3 buts de la sorte et totalisent le plus d’attaques directes dans l’élite (26).

Ces 2 méthodes portent leurs fruits car il s’agit des 2 équipes avec la meilleure différence entre leurs buts et leurs Expected Goals dans l’élite cette saison (+10.5 pour Fleury, +8.3 pour Reims). Au classement, Fleury est ainsi à 2 points du podium et n’a plus perdu depuis octobre, c’était à Lyon sur un but dans les ultimes secondes de la rencontre (0-1), tandis que Reims est bien installé en milieu de tableau (6e) malgré un jeune effectif (22 ans et 183 jours de moyenne d’âge pour le 11 de départ).

Fleury 91 - xG map

Diani en renard

Meilleure buteuse de D1 Arkema 2022/23 avec 14 réalisations, Kadidiatou Diani est en train de réaliser l’exercice le plus prolifique de sa carrière. Repositionnée dans l’axe en l’absence de Marie-Antoinette Katoto blessée, l’attaquante du Paris Saint-Germain a pris ses marques dans la surface adverse, zone dans laquelle elle a joué 148 ballons cette saison, soit plus que toute l’équipe de Dijon réunie (129). Elle a surtout tenté 53 tirs depuis l’intérieur de la surface, c’est au moins 20 de plus que toute autre joueuse.

L’internationale française a inscrit 45.2% des buts du PSG dans l’élite cette saison (14/31), seules Maëlle Garbino de Bordeaux (47% – 8/17) et Sarah Cambot de Guingamp (45.5% – 5/11) font mieux. Kadidiatou Diani est même impliquée dans 9 des 11 dernières réalisations parisiennes en D1 Arkema (7 buts, 2 assists).

Kadidiatou Diani xG map

Gaëtane Thiney en mode Leo Messi

Outre Diani, l’autre joueuse influente en D1 Arkema 2022/23 est Gaëtane Thiney. Si elle est la 2e joueuse la plus âgée à évoluer en championnat cette saison (37 ans), la milieu du Paris FC est en course pour le titre de meilleure passeuse (5 assists) et s’avère être la joueuse la plus redoutable en matière de dernières passes avant un tir (40 délivrées), brillant autant dans le jeu (25) que sur coups de pied arrêtés (15).

L’ancienne internationale (163 sélections avec les Bleues) connaît une 2e jeunesse depuis son retour de prêt des Etats-Unis en janvier 2022, étant impliquée dans 19 buts depuis (7 buts, 12 assists). Au-delà même des derniers gestes, Gaëtane Thiney s’illustre aussi comme organisatrice du jeu à l’image de ses 14 avant-dernières passes avant un tir en D1 Arkema cette saison (meilleur total). Au cumul, la meneuse de jeu devance même Kadidiatou Diani au nombre d’implications dans des séquences s’achevant par un tir en 2022/23 (76 contre 74). Autant de catégories où du côté de la Ligue 1, c’est un autre vétéran prénommé Lionel Messi qui est en vue, parallèle plutôt flatteur.

D1 Arkema attacking sequences