La Super League suisse connaît une trêve hivernale depuis la mi-novembre. En attendant la reprise de la compétition, Opta vous propose de revenir sur les statistiques et les performances les plus marquantes de ces 16 premières journées que ce soit chez les joueurs ou les équipes, poussant parfois même la comparaison avec les 10 premiers championnats européens à l’indice UEFA.
La Super League par rapport aux 10 meilleurs championnats européens
Droit au but
Les matches de Super League en 2022/23 comptent en moyenne 1184 ballons touchés par match, il n’y a que la Premiership écossaise qui affiche une moyenne inférieure (1159). La moyenne de passes par rencontre dans le championnat suisse est de 800, soit une bonne centaine de moins qu’en Premier League (911) ou en Ligue 1 (908) qui affichent les meilleurs totaux parmi les championnats listés.
Cette saison, les rencontres de CSSL sont particulièrement animées avec 26.9 tirs par match, seul l’Eredivisie aux Pays-Bas affiche un meilleur ratio (27.8). D’ailleurs, la Super League est le championnat où on joue le moins de passes avant un tir en moyenne (29.8).
Les dribbleurs les plus performants
Une catégorie dans laquelle les joueurs de la Super League se démarquent de ceux des autres championnats européens est le dribble. Avec un taux de réussite de 48%, les représentants de la CSSL sont les plus efficaces du continent, et ce, tout en affichant un nombre de tentatives comparable à ses voisins (31.5 contre une moyenne de 30.8 pour le Top 10 européen).
Un joueur se distingue dans ces classements, il s’agit d’Asumah Abubakar. L’attaquant de Lucerne compte 58 dribbles tentés, 2e total derrière Dan Ndoye, et en a réussi 33, soit un taux de réussite remarquable de 57%.
Inversion totale dans les matches sans but
Lors de la saison 2021/22, les équipes de Super League ont été d’une grande régularité devant le but. Pour la première fois, il n’y a eu que 4 matches nuls et vierges sur l’ensemble de l’exercice, dont 3 à partir de la 30e journée (lors de rencontres du FC Bâle). Cela veut dire que seuls 2% des matches n’ont généré aucun but, un pourcentage bien inférieur aux 10 premiers championnats à l’indice UEFA. La saison en cours a toutefois déjà connu plus de 0-0 (9 en 80 rencontres), soit un ratio de 11% qui est le plus élevé parmi les championnats listés.
Différentes façons de jouer
Avant le passage à 12 l’été prochain, la Super League se jouera avec 10 équipes jusqu’au terme de cette saison. C’est moins que ses voisins européens, mais cela reste suffisant pour constater des identités de jeu diverses.
A la lecture de ce graphique, on constate que St Gall est l’équipe qui met le plus l’accent sur le jeu rapide et les séquences courtes. Seul le FC Winterthour effectue en moyenne moins de passes par séquence que l’équipe de Suisse orientale.
L’approche du FC Bâle est clairement différente, puisqu’elle est axée sur la possession de balle, ce qui explique que les Bâlois affichent le pourcentage le plus élevé en la matière (57%). Ils ont en outre effectué le plus grand nombre de passes de la ligue (461 par match) et ce, avec le meilleur taux de réussite (83%). C’est d’ailleurs l’équipe qui compte le plus de séquences à 10 passes ou plus en Super League 2022/23 (155). La possession de balle la plus faible est à l’actif du FC Winterthour (39%).
Au cours des 16 premières journées, c’est le Servette qui a mené le plus d’attaques directes (39), c’est-à-dire des actions dans le jeu qui commencent dans sa propre moitié de terrain et se terminent par un ballon dans la surface adverse ou un tir et dont au moins la moitié des passes sont effectuées en direction du but adverse. Le FC Sion a réalisé le moins d’attaques directes (20), mais 4 d’entre elles se sont soldées par un but – un record à égalité avec le FC Lugano (4 buts sur 30 attaques directes).
St Gall se démarque par son pressing
- St Gall est l’équipe qui affiche la plus haute hauteur moyenne de début de séquence en Super League (43.7 mètres de son propre but), le FC Sion affiche la plus basse (37.3).
- St Gall a effectué 180 récupérations hautes, plus que toute autre équipe de CSSL. Les 4 buts ayant fait suite à ces actions sont également un record en 2022/23.
- St Gall et les Young Boys affichent le PPDA le plus faible en Super League cette saison (9.2 passes adverses par action défensive), cela signifie que ce sont les équipes qui effectuent le pressing le plus intense.
- Promu, Winterthour s’est montré plus attentiste en la matière avec un PPDA de 16.2, le plus élevé du championnat.
2 Verts et Blancs pèsent dans le jeu
2 joueurs de St Gall se distinguent en matière d’implication dans des séquences dans le jeu s’achevant par un tir en Super League suisse : Jordi Quintillà (74) et Lukas Görtler (73). Le premier s’illustre davantage comme organisateur du jeu depuis le milieu de terrain, n’étant à la conclusion ou à la dernière passe qu’à 29 reprises sur ces séquences.
Parmi ces séquences, 8 ont fini en but pour le 1er cité, 9 pour le second. La palme dans cette catégorie revient à Hayao Kawabe du Grasshopper Club, impliqué dans 13 séquences dans le jeu s’achevant par un but pour 54 s’étant achevées par un tir.
Les Young Boys sont imperméables
Les Young Boys de Berne impressionnent cette saison. Le club de la capitale domine nettement le championnat avec 10 points d’avance sur le Servette Genève. Les YB affichent la meilleure attaque (35 buts devant St Gall à 33) et brillent davantage encore en défense avec seulement 9 buts encaissés, c’est 8 de moins que Bâle qui détient le 2e meilleur bilan en la matière. L’équipe de Raphael Wicky est la 1re à concéder si peu de buts après 16 matches de Super League et pourrait établir un nouveau record sur une saison dans la compétition, les Young Boys étant déjà détenteurs de la meilleure marque sur un exercice avec 29 en 2020/21.
Cette prouesse défensive des Bernois s’explique notamment par leur surperformance en matière d’Expected Goals subis. En considérant les tirs auxquels les Young Boys ont fait face, ils « auraient dû » encaisser 7 buts de plus (16.2 xGA). A titre de comparaison, le FC Zurich affiche un total d’Expected Goals contre similaire (16.6 xGA) mais a encaissé 3 fois plus de buts au cours de cette première partie de saison et occupe pour le moment la dernière place (27).
Cette solidité des Young Boys est notamment due à la belle saison de son portier David von Ballmoos:
Parmi les gardiens de but avec au moins 3 apparitions dans en Super League 2022/23, David von Ballmoos affiche le meilleur pourcentage d’arrêts avec près de 84%. Il devance Lawrence Ati-Zigi de St Gall (72,4%) et Jérémy Frick du Servette (72,3%).
Le FC Zürich méconnaissable
En 2021/22, le FC Zürich a ravi la Super League et n’a jamais été contrarié dans sa quête du titre (14 points d’avance). Quelques mois plus tard, le quotidien des Zurichois a bien changé. Le tenant du titre a connu un début de saison calamiteux avec 2 points en 8 matches, scellant le destin de l’entraîneur Franco Foda. Le FCZ a connu un léger mieux ensuite mais reste lanterne rouge du classement de CSSL à la trêve avec 12 unités au compteur, c’est 22 points de moins en 2021/22 au même stade.
Les Expected Goals sont encore une fois le bon indicateur pour expliquer les lacunes du FC Zurich d’une saison à l’autre. Offensivement, le FCZ est passée de l’équipe qui avait le meilleur différentiel entre ses buts marqués et ses xG (+11.8 – 74 buts marqués hors CSC pour 62.2 xG) à celle qui possède actuellement le pire (-7.7 – 13 buts pour 20.7 xG). Lugano qui a accumulé presque autant d’Expected Goals que le tenant du titre en 2022/23 (20.6 xG) a déjà inscrit 2 fois plus de buts (26), cela signifie que les Zurichois peinent davantage à convertir leurs occasions par rapport à leurs adversaires.
Si les xG faisaient foi au classement
En prenant en compte les Expected Goals pour déterminer les résultats de la Super League cette saison, le classement serait assez nettement chamboulé.
* Le tableau a été calculé de manière que le nombre de nuls soit équivalent à la réalité. En conséquence, une équipe gagnait si la valeur xG sur la rencontre était supérieure d’au moins 0.35 à celle de l’adversaire.
- Les Young Boys de Berne garderaient la tête du championnat à la trêve, mais n’aurait plus que 3 points d’avance sur leur dauphin contre 10 actuellement.
- Les 3 équipes zurichoises incarnent les changements les plus radicaux du classement. Le FC Zürich compterait 17 points de plus et passerait de la 10e à la 3e place tandis que le Grasshopper et le FC Winterthour dégringoleraient en bas de tableau avec 8 unités de moins.
Bâle peine à la finition
Le FC Bâle n’a marqué que 11 buts dans le jeu lors de ses 16 matches de Super League cette saison. Seuls le FCZ (10) et Winterthour (11) n’en ont pas inscrit davantage. Pourtant, les Bâlois affichent le 4e meilleur total d’Expected Goals dans le jeu (16.2 xG), mais ils n’ont inscrit que 11 buts sur leurs 172 tentatives hors CPA cette saison.
Porte-balle avec effet
Lorsqu’il s’agit de ballons portés, c’est-à-dire de courses avec le ballon au pied sur 5 mètres ou plus, le genevois Timothé Cognat est l’un des joueurs phares de la Super League. Il a adressé 12 dernières passes avant un tir à la suite de ces progressions balles au pied, meilleur total en 2022/23 en compagnie d’Andy Diouf (Bâle). Le milieu français a également marqué un but et délivré une assist après un ballon porté cette saison.
Timothé Cognat fait partie des meilleurs créateurs du championnats. Il totalise 28 dernières passes avant un tir dans la compétition, seuls ses coéquipiers Patrick Pflücke (28) et Miroslav Stevanovic (31), ainsi que les 2 milieux de St Gall Jordi Quintillà (33) et Lukas Görtler (34) font au moins aussi bien en Super League.
9 joueurs de Super League à la Coupe du Monde
5 joueurs de la sélection de la Suisse à la Coupe du Monde 2022 évoluent dans leur championnat local : Christian Fassnacht, Fabian Rieder, Ardon Jashari, Renato Steffen et Fabian Frei. Les 5 ont eu du temps de jeu lors de ce tournoi pour un total de 130 minutes de jeu cumulées.
- C’est un progrès par rapport à l’édition précédente. En Russie, seul Michael Lang évoluait alors dans le championnat suisse parmi les appelées pour représentés la Nati. Le défenseur de Bâle (qu’il quittera juste après le tournoi pour le Borussia Mönchengladbach) avait joué 12 minutes lors du Mondial 2018.
- Rieder (20 ans et 285 jours) a été le 2e plus jeune titulaire de la Suisse lors d’un match de Coupe du Monde au cours des 50 dernières années, après Johan Djourou en 2006 contre l’Ukraine. Contre le Brésil, il a été le joueur de la Nati disputant le plus de duels (13).
4 autres joueurs de Super League étaient présents à la Coupe du Monde:
- Lawrence Ati-Zigi de St Gall a défendu les buts du Ghana lors des 3 matches de groupes. Bien qu’il ait concédé un total de 7 buts, il s’est employé avec notamment 4 parades contre la Corée du Sud et autant contre l’Uruguay.
- Mohamed Dräger de Lucerne était dans le 11 de départ pour la Tunisie lors des 2 premiers matches de groupe. Il a remporté 8 de ses 12 duels dans le tournoi, mais a rarement été en mesure de contribuer offensivement avec seulement 3 centres tentés (un seul trouvant un partenaire).
- Pour le Canada, le Bâlois Liam Millar n’a disputé que 9 petites minutes contre la Belgique.
- Jean-Pierre Nsame des Young Boys, meilleur buteur de la saison de CSSL avec 9 réalisations, était dans le groupe du Cameroun, mais n’a pas joué.
Données arrêtées au 1er janvier